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Réflexions et lectures du moment

Chaque semaine, le lundi matin, j'ai l'habitude d'envoyer un petit SMS aux personnes qui participent aux cours hebdomadaires pour partager une réflexion, une citation, une pensée qui vient alimenter concrètement, philosophiquement ou poétiquement notre pratique.

Voici celle de la semaine dernière au sujet de laquelle j'aimerais approfondir ma réflexion en lien à d'autres lectures du moment. "Quand vous ne prétendez plus que les choses devraient être autrement, mais que vous vous donnez à ce qui est dans l'instant, tout est possible" Éric Baret extrait du livre "Le sacre du dragon vert, pour la joie de ne rien être"


Il ne s'agit aucunement ici d'accepter, de se résigner ou de courber l'échine mais bien au contraire, de nous redresser pleinement. Nous savons dans la pratique du yoga du Cachemire que plus nos jambes traversent le sol plus notre buste traverse le ciel et nous savons également que la pratique sur le tapis n'est pas différente de ce qui se vit au quotidien dans la vie de tous les jours. Plus je lâche, plus je me laisse faire, plus je me redresse. Se laisser faire n'a rien de fataliste ici.

Il s'agit plutôt de ne pas s'opposer, de lâcher ses résistances face à ce qui est là, inéluctablement.


Lorsque nous sommes confrontés au désagréable nous cherchons à nous en écarter, à nous en détourner, à résister. Lorsque nous sommes confrontés à l'agréable nous avons l'habitude de nous en emparer, de nous y agripper, de nous y cramponner. Or tout apparaît et tout disparaît dans le mouvement du vivant, permanent dans son flux, impermanent dans son contenu. Ne pas chercher à saisir l'insaisissable, ne pas chercher à contrôler l' incontrôlable, ne rien fabriquer, ne rien rejeter. Se laisser faire c'est dire oui, c'est embrasser cet espace tel qu'il est, c'est expérimenter ce qui nous est donné sans juger, sans discriminer ce qui serait ok à vivre, de ce qui ne le serait pas, dans un esprit manichéen ou le bien et le mal, le bon et le mauvais seraient diamétralement opposés.

Quand nous ne voulons plus changer ce qui est là (d'ailleurs comment le pourrait-on? Je parle de ce qui est pas de ce que je peux choisir. Quel choix ai je face à une émotion, à une pensée qui me traverse, à une tension corporelle, à la température de l'air ou le bruit ambiant...) alors nous pouvons vraiment nous ouvrir, recevoir, sentir et nous laisser traverser sans nous identifier à ce que nous recevons, sentons et qui nous traverse.




Revenons également sur le "tout est possible".

Je voudrais sortir absolument cette citation d'un contexte New Age

ou de celui du développement personnel qui ne lui rendrait non seulement pas hommage mais qui travestirait, voire trahirait la pensée subtile d'Éric Baret. Bien sûr tout n'est pas possible, nous ne sommes pas des magicien.ne.s tout.e.s puissant.e.s. À l'encontre de cette propagande marketing d'une société capitaliste ou chaque individu doit se dépasser et devenir une meilleure version de soi même à l'intérieur d'une logique de croissance infinie et où le yoga peut devenir un instrument, un levier du façonnage de ce surhomme, de cette surfemme toujours au top, le tout est possible d'Éric Baret nous parle d'autre chose.

Ce "tout est possible" nous parle de tout ce que nous n'avions pas imaginé, projeté, programmé. Ce "tout est possible" nous invite à sortir de nos schémas, de nos habitudes, de nos carcans, de la morale. Ce" tout est possible" est une invitation à découvrir des espaces méconnus, à voyager en terre inconnue et expérimenter ce que notre mental ne pouvait peut-être jusqu'ici concevoir. Car rien n'est figé, tout se transforme sans nous, sans notre volonté.

Alors peut-on un instant entrer humblement dans l'écoute de ce qui nous est offert, sans prétendre à quoi que ce soit, sans catégoriser et observer simplement la vie qui s'exprime à travers nous sans décider de ce qui peut ou ne peut pas exister.

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